28 mars 2006

Lisez le début du livre...

L’histoire du monde commence ainsi. Adam et Eve. La Genèse. Tout prend racine dans cette violence inéluctable de ce que nous sommes, avec toujours ce goût du sang et cette même vocation de la destruction.

*

Je ne me souviens plus quand tout a commencé. Ce devait être en été, dièse temporelle entre les lignes de cette vie trop sage, la canicule et la sueur. Des envies d’être une autre pour une fois, oui, un besoin furibond de me mettre à nue à mon tour. Ou bien c’était en hiver, la saison lente, devant les feux de cheminée, me découvrant cette soudaine passion pour l’enfer.

A vrai dire, je ne sais plus, je ne veux même pas savoir, même pas comprendre : tout a commencé et les saisons n’auraient rien changé, que ma foutue volonté et rien d’autre.

Je suis Marion. Marion Deshayes.

Il est trop tard pour faire demi-tour, pour retourner dans l’autre peau. Ce doit être moi ce reflet, ce visage dans le rétroviseur, ce doit être moi cette fille-là désormais. J’appuie sur l’accélérateur, j’ai hâte de rejoindre mon amant, fantôme de peau qui hante mon esprit. Ce soir, je vais m’introduire sous son drap, faire comme si de rien n’était, oublier la petite fille et les s’il-vous plait. Marion Deshayes, ça vous dit quelque chose ?

Je ne le sais pas mais dans deux heures, je plongerai dans l’abyme, une fosse sans fond qui va s’ouvrir sur cette route. Je serai avalée par la terre, ensevelie, enterrée vivante. Quelle heure est-il ? Les phares surgissent des virages, les mots dans mon esprit, éblouissants de bon-sens. Nous ne sommes que des corps, rien n’a autant d’importance que le plaisir. Et que l’oubli.

En roulant vers lui, je m’oublie, j’oublie mon enfance, ma famille. J’oublie d’où je viens.

Devenir un fantôme n’a rien de terrifiant finalement. Je m’habitue à cette idée, tout est logique : dans quelques minutes, je vais franchir le cap. Je vais devenir une autre, égérie de la mort. Le top-model des cicatrices.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut l'écrivain,
je ne suis pas un grand fan de lecture (peu étre parce ce que je ne suis pas assez patient pour lire un bouquin du debut a la fin) mais la gegdred je doit dire que j attend la sortie avec impatience. J aime beaucoup l'extrait, et la quatrieme.
Le commencement de la fin: CA, CA ME PLAIT.

GERALD RUAULT a dit…

Merci, merci. C'est un plaisir.
Mais qui es-tu, bel anonyme? Ce sera avec un plaisir incommensurable que je te répondrais si je sais qui tu es.... Bises.

Anonyme a dit…

Salut,

je ne suis pas le même bel anonyme mais nous avons eu l'occasion de nous rencontrer (une quinzaine de mois en tout et pour tout)
Comment définirais tu ton style?

Anonyme a dit…

Et si tu n'as pas de style bien definis, pourrait tu me dire de quel ecrivain te reproche tu le plus

GERALD RUAULT a dit…

Je dirais que Philippe Djian est un auteur dont le style simple et direct m'inspire. Amateur de poésie à la Ferré, j'aime aussi la musicalité dans une phrase et le ryhtme...

Anonyme a dit…

bon alors je vais m'appeler anonyme 1, je vais aller acheter un livre de Philippe Djian pour avoir un avant gout de ton style : peux tu me conseiller un de ces livres.

GERALD RUAULT a dit…

Zone érogène, Maudit Manège, 37°2 le matin...
(Parmi les livres de ses débuts. )

Vers chez les Blancs... (plus récent)

Mais la ressemblance est mince. C'est plus un état d'esprit qu'une ressemblance de style.

Anonyme a dit…

quand tu dit "etat d'esprit" c est de la marginalité dont tu parle ou de la facon d'ecrire, que vous avez en commun

Anonyme a dit…

quand tu dit "etat d'esprit" c est de la marginalité dont tu parle ou de la facon d'ecrire, que vous avez en commun

GERALD RUAULT a dit…

Disons plutôt de la façon de traiter les personnages avec singuliarité et dans des dialogues sans langue de bois. Un chat est un chat chez Djian. Il ne passe pas par quatre chemin...

Anonyme a dit…

j ai entendu de Djian que ses personnages sont souvent doués d'une lucidité tranchante, le sens negatif de cette phrase est evidemment fait expres.
Est-tu d'accord avec ca?

GERALD RUAULT a dit…

Disons que ses personnages sont amers, d'une lucidité tranchante pourquoi pas. Ils ne sont par contre jamais vraiment méchants. Le style de Djian se rapproche de Kérouac. On retrouve cette qualité, ce désanchantement, ce contre-rythme dans le dernier Bret Easton Ellis, Lunar Park. Il s'agit d'une littérature assez contemporaine dont l'histoire n'est la plupart de temps qu'une toile de fond pour exprimer le malaise des personnages et à travers eux, de toute une société...

Anonyme a dit…

pourquoi n'ai-t-il pas aimé des critiques littéraires ce Djian, d'après les passages que j'ai pu lire de lui, c'est un très bon écrivain

GERALD RUAULT a dit…

Pardon pour le retard. Djian n'a pas aimé certaines critiques? C'est possible. C'est pourtant primordial de s'y frotter, c'est grâce à elle que les remises en question sont possibles. Se remettre en question est l'essence même de l'écriture selon moi. Après la partie "premier jet" où l'inspiration se mêle à un peu de folie et d'insouciance, il m'a été pour ma part nécessaire de retravailler le texte des dizaines de fois et la critique est, dans cette phase, un vrai phare au milieu de la tempête. Merci d'ailleurs à Carole, Claire, Monique et Jean-Marc qui ont pu m'éclairer de leur sens critique.

Anonyme a dit…

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