27 mai 2006

Extrait

Je veux une carte, un repère, le témoignage du temps qui s’égraine. J’en ai assez de ce ciel. Je veux savoir quand je dors, quand je suis éveillée, quand j’attends et depuis combien de temps l’oiseau est reparti. Il me faut les aiguilles, il me faut un tic-tac.

Je bouge enfin la tête, de quelques centimètres vers la droite. Le point de mire est le même, ce bleu limpide d’un vaste champ de torpeur, cette quiétude insupportable… J’en ai la nausée. Je ferme les yeux et je pleure. Je pleure à l’intérieur, un hoquet me fait vomir, je vomis dans ma gorge, je gémis de douleur. J’ignore si ce coma est illusion ou réalité, si je vis tout de l’intérieur, dans mon esprit, un phare éteint au milieu de la violence des abymes. ça peut durer des heures, des secondes, des minutes, tout y est confondu, tout semble déjà vécu. Consumé. ça aura pu durer ce que dure une vie, juste ce que dure un souffle, ce que met le cerveau à se nourrir en oxygène ou bien à crever en séchant au milieu des cendres et de la terre. Tout est déconnecté, abscons et uniforme. J’abandonne ma tête des quelques centimètres possibles, éreintée par cette lutte ineffable. Dans mon champ de vision surgit soudain une silhouette. Celle, gracile d’une fillette blonde.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hi! Just want to say what a nice site. Bye, see you soon.
»